Historique

Graulhet, une cité millénaire

Du parchemin de l'an 961 mentionnant son château-fort, aux aménagements du XXIe siècle du Pré de Millet, Graulhet offre plus de mille ans d'histoire et d'art de bâtir. Maisons médiévales, mégisseries surplombant le Dadou, quiétude des berges au fil de l'eau, surprises de sa faune et de sa flore, rien ne serait advenu sans le savoir-faire des hommes qui ont façonné la ville.

La ville est mentionnée pour la première fois en 961 dans le testament du comte de Rouergue, qui lègue, parmi sept autres châteaux, celui de Graulhet à son fils. D'abord entre les mains des comtes de Toulouse, la seigneurie passe ensuite sous Philippe de Montfort en 1209. La ville était fermée par des remparts, deux grosses tours et était accessible par deux portes : la porte de la Barbacane et la porte de la Bastide. L'église romane de l'ancienne ville, chapelle particulière des seigneurs de Graulhet, a été démolie en 1848 puis remplacée en 1850. 

Au XIIIe siècle, la ville se développe et naissent les faubourgs de Saint-Jean, Saint-Project, les rues de Verdaussou et de Barricouteau. La rue de Panessac, en centre-ville, est une des rues médiévales les plus typiques du département. Elle développe son bâti en lanières avec ses façades étroites à pans de bois aux grandes croix de Saint-André typiques de la fin du XVe siècle. Autrefois, des pountets reliaient certaines maisons entre elles. 

Le Pont Vieux fut édifié en 1244, reliant le bourg primitif et le quartier Saint-Jean. Il fut reconstruit deux fois : à la fin du XIIIe siècle et au XVIe siècle. 

Sicard d'Alaman rachète la seigneurie en 1260 pour la transmettre à sa fille, Jeanna de Lévis. En 1291, trois seigneurs se partagent la seigneurie : ils accordent une charte de franchise aux habitants, moyennant une somme de 10 000 sols qui laisse supposer une réelle prospérité des habitants de la cité d'alors. 

En 1345, une incursion menée par Gui de Comminges est assortie de brigandages et de ruines notables. En 1391, la ville est à nouveau prise par les routiers. 

A partir du XVe siècle, la ville passe entre les mains des seigneurs d'Aubijoux.

Les d'Amboise d'Aubijoux, seigneurs de Graulhet

En 1484, par son mariage avec Madeleine d'Armagnac, Hugues d'Amboise d'Aubijoux devient Seigneur de Graulhet. Dès lors, et jusqu'en 1656, Graulhet va vivre avec les d'Amboise d'Aubijoux ses plus grandes heures.

Parmi les plus illustres membres de la Maison d'Amboise d'Aubijoux nous pouvons citer : 
Hugues d'Amboise, Seigneur d'Aubijoux, chambellan et compagnon d'armes des rois Charles VII et Louis XI. 

Louis d'Amboise, Evêque-seigneur d'Albi, fit terminer la construction de la cathédrale Sainte-Cécile et lui donna son décor intérieur. Sa sollicitude et ses goûts artistiques s'étendirent aussi aux paroisses rurales des seigneuries épiscopales, qui conservent des richesses architecturales ou des objets d'art de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, comme Saint-Mémy ou Saint-Pierre de Rozède. Ainsi, grâce à lui, de Cordes à Albi, de Gaillac à Lavaur, l'opulente décoration flamboyante conquiert l'albigeois. 
Georges d'Amboise, cardinal, légat du Pape, fut ministre d'Etat sous Louis XII. 
Jacques d'Amboise, fils d'Hugues, fut distingué pour sa bravoure par François Ier. Il mourut au siège de Marseille. 

Louis d’Amboise (1536-1614), Comte d'Aubijoux (portrait ci-contre), fils posthume de Jacques, fut un des plus importants gentilshommes de son temps. Page du roi François 1er pendant son enfance, il servit dignement les rois Henri II, François II, Charles IX et Henri III. Protecteur avisé de Graulhet pendant la période troublée des Guerres de Religion, il sut être "absent de son château" lors du passage à Graulhet d'Henri de Navarre, futur Henri IV, qui dîna à l'Auberge du Lyon d'Or. Il fut le protecteur de Salomon de La Broue, premier auteur équestre français, qui fut son page et son écuyer avant de rejoindre les Ecuries Royales. Sa dalle funéraire, classée à l'inventaire des Monuments Historiques, peut être admirée à l’Office de Tourisme. 

François-Jacques d’Amboise(1606-1656), petit-fils de Louis, Comte d'Aubijoux, ami et compagnon de Gaston d'Orléans (frère de Louis XIII), Lieutenant Général du Languedoc et gouverneur de Montpellier, amant de Ninon de Lenclos, amoureux de la Reine de Pologne, protecteur de Molière de 1647 à 1656, date de sa mort en son château de Crins.

Molière et Graulhet

C'est en 1644 que Jean-Baptiste Poquelin rencontre à Paris François-Jacques d'Aubijoux, Seigneur de Graulhet, et se lie d'amitié avec lui. Cette même année il prend le nom de Molière. Après les déboires de sa compagnie théâtrale "l'Illustre Théâtre", Molière, poursuivi par ses créanciers, quitte Paris et se réfugie en province où il bénéficie de l'appui et de la protection de son ami d'Aubijoux, alors Lieutenant-Général du Languedoc.

De 1647 à 1656 Molière va accompagner Aubijoux dans ses provinces, à Toulouse, Albi, aux Etats du Languedoc, aux Etats de Montpellier, de Béziers et de Pézenas. Dix années de fêtes, de voyages, de théâtre, de séjours à Graulhet. Dix années passées à jouer devant un parterre de nobles et de bourgeois fortunés au premier rang desquels les protecteurs successifs de la troupe : le Duc d'Epernon, le Prince de Conti, le Comte d'Aubijoux Seigneur de Graulhet.

Peu de temps après la mort de François-Jacques d'Aubijoux, Molière, privé de soutien, décida de regagner Paris où commença pour lui l'illustre carrière que l'on connaît.