Retour sur l'hommage à Samuel PATY

                                                                                                       DISCOURS DE MONSIEUR LE MAIRE DE GRAULHET
                                                                                                                       HOMMAGE A SAMUEL PATY
                                                                                                                                21 octobre 2020

Mesdames, Messieurs les Maires,
Madame la conseillère départementale,
Mesdames, Messieurs les conseillers municipaux,
Messieurs les représentants des cultes,
Mesdames, Messieurs les enseignants des établissements scolaires,
Mesdames, Messieurs,

Vendredi 16 octobre 2020, Samuel PATY, Professeur d’histoire-géographie au collège du Bois d’Aulne à Conflans saint-Honorine, a été assassiné.
Vendredi 16 octobre 2020, Samuel PATY, Professeur d’histoire-géographie au collège du Bois d’Aulne à Conflans Saint-Honorine a été assassiné, décapité, pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet, dans le cadre d’un cours d’Education Morale et Civique traitant de la liberté d’expression.
Vendredi 16 octobre 2020, Samuel PATY est mort d’avoir fait le plus beau des métiers du monde, celui d’enseigner à nos enfants comment un citoyen se construit au sein de notre République.
Je tiens, en ce jour de recueillement et d’hommage, à faire part de nos plus sincères condoléances à la famille de Monsieur PATY et à lui témoigner notre plus grand respect face à l’engagement qui a été le sien.
S’il est un principe qui a toujours marqué l’Histoire de France, c’est bien celui de la liberté.
C’est autour de ce principe essentiel que notre Nation s’est construite et qu’au-delà des régimes politiques qui ont marqué son histoire constitutionnelle, la France a pu devenir une démocratie forte reposant sur l’Etat de droit.
En France, chaque citoyenne, chaque citoyen, bénéficie d’une liberté fondamentale, celle de pouvoir s’exprimer.
L’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui fait partie de notre bloc de constitutionnalité est d’une limpidité absolue : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. ».
Samuel PATY avait donc le droit de s’exprimer. Plus encore, sa vocation, son statut d’enseignant lui conférait, de par la loi, la responsabilité de forger l’esprit critique de nos enfants.
Mais Samuel PATY, n’avait pas à mourir d’avoir fait ce qu’il a fait !
En France, la loi ne punit pas de mort l’être humain.
En France, aucune femme, aucun homme ne peut s’arroger le droit d’en tuer un autre sous prétexte qu’il se sent offusqué, blessé par tel ou tel comportement.
Plus encore, en France, parce que notre histoire nous a permis de comprendre cela, la religion peut être dans le cœur des hommes. Elle peut l’être de façon différente. Elle peut ne pas y être aussi.
Et ce qui permet justement de saisir cette nuance essentielle, c’est la raison !
C’est la capacité de chacun d’entre nous à accepter les différences de l’autre dans le respect de la Loi fixée par la République, qui fait de nous des citoyennes et des citoyens.
En France, l’éducation est l’un des piliers de notre vie commune. L’école de la République, de la maternelle aux études universitaires, en passant par le collège et le lycée, a pour fonction de construire les consciences citoyennes de demain.
Samuel PATY avait manifestement compris le sens fondamental de cette fonction pour en faire ce que notre République peut produire de meilleur !
Si nous sommes tous ici rassemblés aujourd’hui : élus, enseignants, membres de cultes religieux, commerçants, artisans, personnes privées d’emplois, salariés, fonctionnaires, jeunes, adultes, de toutes origines sociales, c’est avant tout parce que nous sommes des acteurs quotidiens de la République, de ce pacte social fondamental qui forme les Nations.
Si nous sommes tous ici rassemblés aujourd’hui c’est pour renforcer ce pacte citoyen si fortement menacé.
C’est pour marquer aussi qu’une ligne ne saurait être franchie parce que nous sommes là tous ensemble pour la tenir.
L’obscurantisme, le fanatisme, la déraison, la terreur ne gagneront pas car nous sommes une République forte.
La disparition de Samuel PATY doit tous nous amener à nous interroger sur une question essentielle, vitale : Quelle République voulons nous laisser à nos enfants ?
Samuel PATY nous a justement donné le chemin à suivre vers la raison.

Vive la mémoire de Samuel PATY.
Vive la République.
Vive la France